Le Château de la Motte-Tilly
Le château de La Motte-Tilly est édifié à partir de 1754 dans un parc boisé en bordure de la Seine, sur des plans de
l’architecte François Nicolas Lancret, pour les frères Terray.
Le plus célèbre, l’abbé Joseph Marie Terray devient contrôleur général des finances du roi Louis XV en 1769.
En 1910, le comte de Rohan-Chabot, descendant par sa mère de la famille Terray, entreprend des travaux de restauration
d’après des documents d’archives.
Le parc est ainsi redessiné avec des terrasses descendant en pente douce jusqu’au miroir d’eau.
Le château est classé momument historique en 1946.
Après le décès du comte en 1964, sa fille, la marquise de Maillé, reconstitue par le décor et l’ameublement aux prestigieuses
estampilles, l’ambiance raffinée d’une demeure du XVIIIème siècle.
Décédée en 1972, sans héritier, la marquise lègue son château à la CaisseNationale des Momuments Historiques et des sites aujourd’hui Centre des Momuments Nationaux, à condition qu’il soit maintenu en l’état et que « le visiteur puisse y ressentir le sentiment d’une présence ».
Les Jardins
L’un des attraits de La Motte Tilly réside dans la beauté de son parc et surtout dans sa situation exceptionnelle.
De la terrasse Nord, la vue s’étend sur le « miroir », vaste plan d’eau à partir duquel toutes les perspectives ont été calculées; en forme de rectangle très allongé, il est bordé de chaque côté d’une allée de tilleuls.
Une haute charmille à la fois, mur et rive, clôt l’ensemble de la perspective et masque l’étroite route qui conduit du village de La Motte Tilly à Courceroy.
Ainsi que la Seine, le « miroir » ne tire pas directement ses eaux du fleuve, mais il est tributaire d’un canal, le canal Terray.
Ce n’est qu’en 1770 que l’Abbé Terray obtint par arrêt du Conseil d’Etat, l’autorisation d’ouvrir une prise d’eau à Nogent. Il prévoyait le rétablissement d’un ancien moulin situé à La Motte Tilly « à côté du pont du village » pour « faciliter à la ville de Paris la conduite des farines ».
Si une partie du parc a été restaurée après 1910, en jardins « à la française », au-delà, s’étend encore un vaste parc « à l’anglaise » créé par Claude Hippolyte Terray à la veille de la Révolution.
C’est à lui que l’on doit sans doute la petite grotte artificielle cachée dans les taillis du côté Est du parc. On y descend par quatorze marches et on se trouve dans une rotonde en tuf de Resson et creusée de quatre niches en plein cintre. Entre celles-ci, des pilastres à clef saillante sont décorées de stalactites en formes de larmes. Un lanternon vitré au centre de la voûte en pierre laisse filtrer une faible lumière.
Peuplé d’arbres aux essences rares, thuyas et cèdres bleus, le domaine de La Motte Tilly associe à la noblesse du jardin classique dessiné pour l’Abbé Terray, le charme romantique d’un parc à l’anglaise.
En grande partie défiguré par la tempête du 26 décembre 1999, le parc fait l’objet de réflexions qui visent à lui redonner toute sa noblesse.
Le Tilletum
Le tilleul a toujours été un élément important du paysage local, peuplant à l’état naturel ce coin de la vallée de la Seine. Le nom même du village « La Motte Tilly » tire ses origines de cet arbre.
Ce tilletum est né d’un partenariat avec la Fondation de France, l’ONF et le Centre des Monuments Nationaux.
C’est une invitation à découvrir le tilleul à travers le monde ; la collection se compose pour l’instant de 68 arbres et va s’agrandir dans les années à venir.
Ecoutons Antoine Joseph Dezallier d’Argenville nous parler du Tilleul dans son livre « La théorie et la pratique du jardinage » (édition de 1739) :
« Le tilleul ou Tillot est un des arbres les plus recherchés pour planter des allées et des bosquets, parce qu’il vient promptement, et qu’il se prête avec souplesse à toutes fortes de figures, et à toutes sortes de terreins. Sa feuille, sa tige, sa tête, son écorce, tout en est beau : il jette dans l’Eté des fleurs dont l’odeur est fort agréable ; son bois n’est pas des plus estimés, étant du bois blanc ; aussi s’en sert on peu dans les ouvrages : cependant, on fait des cordes à puits avec son écorce. Cet arbre ne souffre aucun insecte ; mais il se verse et se creuse aisément, et par là il n’est pas d’une longue durée. Il y en a une espèce, appelée Tillot d’Hollande, qui est la plus estimée à cause de son large feuillage : il produit de la graine, et vient aisément de marcottes. »